Lecture et écriture dans les Mots de Jean Paul Sartre


Jean Paul Sartre a refusé le prix Nobel en 1964 qui lui a été attribué pour son oeuvre autobiographique Les Mots. Le texte est d'abord paru dans sa revue Les Temps modernes, n° 209, octobre et n° 210, novembre 1963. Le récit couvre son enfance de 4 à 11 ans et se divise en deux parties : « Lire » et « Écrire ». Le titre originellement prévu était Jean sans terre pour le jeu de mots mais aussi en référence à Jean d'Angleterre, sans héritage.


Lecture et écriture dans les Mots de jean- Paul Sartre :

Pour mon modeste article, j’ai opté pour l’axe : lecture/écriture parce que ce sont les deux facettes de l’entreprise intellectuelle, culturelle et formative pour mettre au point l’investissement et le réinvestissement des connaissances.

La lecture est l’activité de compréhension d’une information écrite. Cette information est en général une représentation du langage sous forme des symboles identifiables par la vue, ou par le toucher (Braille).

L’écriture est un système de représentation graphique d’une langue, au moyen de signes inscrits ou dessinés sur un support, et qui permet l'échange d'informations sans le support de la voix.

L'invention de l'écriture a souvent été utilisée pour distinguer la Préhistoire de l'histoire, bien que cette conception soit remise en cause, puisqu'elle aboutit souvent à considérer que des peuples sans écriture sont des « peuples sans histoire », ce qui est problématique tant pour les peuples anciens et disparus que pour certains peuples autochtones actuels qui ne connaissent pas l'écriture mais sont pourtant intégrés à la mondialisation du XXIe siècle.

Pour envisager les rapports entre lecture et écriture, deux options se présentent chacune d’elles, ayant sa logique, n’aboutit pas aux mêmes constats ni aux mêmes propositions. Les deux postulent une interaction forte entre ces deux activités et le professeur peut avoir intérêt à alterner les options au cours de l’année pour varier les modes d’appropriation des savoirs.

La première part de l’écriture pour aller vers la lecture. Il s’agit par exemple de demander aux élèves de produire un texte en fonction d’une consigne afin de partir d’une situation-problème que l’on parviendra à résoudre par un va-et-vient entre écriture et lecture de textes soigneusement sélectionnés pour y parvenir la lecture non pas seulement comme un acte de réception mais comme un acte de ré-énonciation par lequel on se lie à ce qu’on lit – acte qui nous engage et pas seulement émotionnellement puisque affect et concept sont pris dans le rythme même d’une écriture. Abandonnant en chemin les modèles rhétoriques et les moules interprétatifs, elle se risque dans une aventure. L’écriture, dans cette approche, n’est plus exclusivement conçue comme un acte de production.

L’écriture, dans cette approche, n’est plus exclusivement conçue comme un acte de production.

En fait, les deux activités sont intimement liées et il est difficile de lire sans écrire sa lecture et d’écrire sans lire dans le même temps. Dans ce cadre, il s’agit moins de concevoir des consignes d’écriture, que de proposer des activités où la lecture s’écrit et où l’écriture prolonge la lecture dans un accompagnement où les frontières entre réception et production tendent à s’effacer.
Lecture et écriture comme le dit jean- Paul Sartre dans qu’est ce que la littérature sont :

« Ecriture et lecture sont les deux faces d’un même fait d’histoire et la liberté à laquelle l’écrivain nous convie, ce n’est pas une pure conscience abstraite d’être libre. Elle n’est pas à proprement parler, elle se conquiert dans une situation historique ; chaque livre propose une libération concrète à partir d’une aliénation particulière…Et puisque les libertés de l’auteur et du lecteur se cherchent et s’affectent à travers un monde on peut dire aussi bien que c’est le choix fait par l’auteur d’un certain aspect du monde qui décide du lecteur, et réciproquement que c’est en choisissant son lecteur que l’écrivain décide de son sujet. Ainsi tous les ouvrages de l’esprit contiennent en eux-mêmes l’image du lecteur auquel ils sont destinés. »

La décision de Sartre d’écrire sur lui-même s’insère dans une fluorescente écriture romanesque car l’exercice du métier d’écrivain suppose une ascèse au bonheur.

Parmi les écrivains ayant pratiqué cette auto-analyse, Rousseau, chateaubriand, Montaigne, Paul Valéry, Stendhal ; Sartre a abouti au faite de la gloire, au paroxysme du triomphe et de l’apanage littéraire car il est considéré comme l’image mythique d’un écrivain scandaleux, « pape de l’existentialisme ou de l’excrémentialisme. »

L’œuvre de Sartre englobe toute une production littéraire, philosophique et psychanalytique. Les mots n’est qu’une étincelle dans l’ensemble de la création sartrienne.

Ainsi, comment après une profonde lecture, une ardeur et persévérance d’apprendre, Sartre aboutit –il à l’éclosion de son génie littéraire et à le transposer en une écriture romanesque, philosophique dramaturgique voire critique ?

Les Mots de jean Paul Sartre s’inscrit dans la lignée de la littérature du moi.

Georges Gusdorf, dans son essai, Autobiographie formule une approche des fondements philosophiques de l’écriture autobiographique.
C’est en décortiquant le mot en trois termes qu’il discrimine les maintes dimensions de cette modalité de l’écriture du moi. Autrement dit : Auto c’est l’identité, le moi conscient de lui-même. Bio : c’est précisément le parcours vital, la continuité, le cheminement d’une identité unique et singulière.

Par ailleurs, la variation existentielle s’élabore par la centrifugation des thèmes : l’auto, l’égo, le bio afin de susciter le rapport entre l’anthologie et la phénoménologie de l’être et de son existence.

De ce fait, dans Les Mots, on retrouve les éléments de la définition de Philippe Lejeune : « L’autobiographie est le récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu’elle met l’accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l’histoire de sa personnalité. »

Les Mots est subdivisé en deux parties : Lire et Ecrire.

« Lire » se compose de huit séquences de longueur différente ; leur distinction est effectuée par les blancs.la première est en partie occupée par une chronique antérieure à la naissance de Jean-Paul.

Cette remontée aux origines, étude sur le milieu d’une famille alsacienne d’après 1850, sert de préambule au récit d’enfance.
Ce récit est marqué par la comédie, l’imposture : celle de la famille, de la culture et des rapports à autrui.

Initiatrice à la lecture :

Anne-Marie n’avait qu’un unique dessein c’est aboutir à une éducation exemplaire de son fils, en lui apprenant les règles de bienséance, de civilité et de galanterie et en favorisant le développement et l’épanouissement de ses facultés morales, physiques et intellectuelles.
C’est elle qui incite et attise la curiosité de la lecture chez Poulou, ce dernier est ébahi et éberlué par la contemplation de sa mère en train de lire un conte sans le support de l’imprimé.

Quand elle a eu la capacité de remémoriser l’ensemble des événements, Poulou se mit dans un état de stupeur et perplexité proche de la panique : « De ce visage de statue sortit une voix de plâtre. Je perdis la tête : qui racontait ?quoi ?et à qui ? Ma mère s’était absentée, pas un sourire, pas un signe de connivence, j’étais en exil. »p.40.

Initiatrice à la vocation d’écrivain :

Anne-Marie a inculpé les connaissances fondamentales à Poulou et elle a imprimé au sein de son esprit de manière profonde et sempiternelle cette passion pour l’écriture.
Au fur et à mesure que l’imagination sartrienne s’épanouissait, la mère initiait aux règles de l’écriture versifiée, elle voue toute son attention à ses premiers romans littéraires tels que Le Marchand de bananes, et les recopie minutieusement malgré les réticences de Charles.

L’enfant et la bibliothèque :

Poulou explore un monde merveilleux, celui des livres car au milieu de ses proches, il y avait trois différentes lectures : celle du grand-père est pédagogique, de la grand-mère est divertissante, de la mère est fantastique. Cette découverte est une révélation : « On me laissa vagabonder dans la bibliothèque et je donnai l’assaut à la sagesse humaine. »
L’endurance, la persévérance et la hâte de déchiffrer les lettres s’illustrent parfaitement par l’apprentissage à l’âge de quatre ans de sans famille : « Je fus zélé un catéchumène ; j’allais jusqu’à me donner des leçons particulières : je grimpais sur mon lit-cage avec Sans famille, d’Hector Malot, que je connaissais par cœur et, moitié récitant, j’eus parcourus toutes les pages l’une après l’autre : quand la dernière fut tournée, je savais lire. »
Cette précipitation tout à la fois vers le savoir et la gloire, se poursuit avec le Grand Dictionnaire Larousse et tous les grands classiques : Corneille, Racine, Flaubert, Vigny, Mérimée, Hugo : Je fus préparé de bonne heure à traiter le professorat comme un sacerdoce et la littérature comme une passion. »
Le jeune Sartre a adopté la religion des livres : « J’avais trouvé ma religion : rien ne me parut plus important qu’un livre. La bibliothèque, j’y voyais un temple. »


Travaux, monographies et articles :

Lecture et écriture dans les Mots de jean Paul Sartre
Analyse sociocritique des œuvres de Youssouf Amine Elalamy,
Partir de Tahar Benjelloun, article chez le mag.ma.
Dictionnaire de Sociocritique.
Vers une définition de sociocritique, article de le mag.ma
Représentation du terrorisme selon Oriana Fallaci dans son œuvre la Rage et l’orgueil (après le 11 septembre 2001) sous la Direction de Madame Safi Fatima. , faculté des lettres et sciences humaines, Dhar el mahraz, fès.
pour une exploitation pédagogique du texte théâtral au lycée.
Le thème de la guerre dans les Marana de Honoré de Balzac.
L’immigration clandestine au Maroc.
Le Naturalisme et le Réalisme.
La production littéraire.
Analyse structuraliste des œuvres de Guy de Maupassant.
La littérature oulipienne.