le xviiie siècle * Le siècle des Lumières *


Le siècle des Lumières est un mouvement intellectuel lancé en Europe au xviiie siècle (1715-1789), dont le but était de dépasser l'obscurantisme et de promouvoir les connaissances. Des philosophes et des intellectuels encourageaient la science par l’échange intellectuel, s’opposant à la superstition, à l’intolérance et aux abus des Églises et des États. Le terme de « Lumières » a été consacré par l'usage pour rassembler la diversité des manifestations de cet ensemble d’objets, de courants de pensée ou de sensibilité et d’acteurs historiques.

La glorieuse Révolution de 1688 peut en constituer le premier jalon1, mais pour l’historiographie française, la période charnière qui correspond à la fin du règne de Louis XIV (1643-1715) est comme sa gestation2. La Révolution française en marque le déclin. Certains historiens, en fonction de leur objet d'étude, privilégient une chronologie plus ou moins large (1670-1820)3.

Pour les arts plastiques, il couvre la transition entre les périodes classique, rococo et néoclassique, et pour la musique, celle de la musique baroque à la musique de la période classique. L’expression provient d’emblée de son utilisation massive par les contemporains. Puis, le développement et l’affirmation de l’histoire culturelle et sociale depuis les années 1970, a favorisé l’usage d’une notion féconde qui permet de mener des recherches de façon transversale et internationale tout en multipliant les objets d'étude et en dépassant les cadres nationaux4.

Traits dominants

Le siècle des Lumières est marqué par une vision renouvelée et élargie du monde héritée de questionnements, parfois angoissés, du dernier quart du xviie siècle. Six traits marquants d’une pensée moderne s’y affirment et peuvent être retenus11 :

la primauté de l’esprit scientifique sur la Providence dont la révolution newtonienne est l’illustration la plus marquante ;
la réflexion politique marquée par la théorie contractuelle, influencée par les travaux de John Locke
les progrès de l’esprit critique à l’œuvre, pour exemple, dans le Dictionnaire historique et critique (1697) de Pierre Bayle et la critique lockienne des idées innées ;
une première désacralisation de la monarchie dont les Dialogues du baron Louis de La Hontan (1710) sont l’une des manifestations ;
l’affirmation de l’idée de tolérance dans une Europe marquée par les divisions religieuses dont l’œuvre de Lessing, Nathan le Sage est une illustration ;
le déisme.
Ces champs de réflexion précurseurs, qui allaient former le socle de la Philosophie des Lumières, traversent le siècle et influencent de nombreux domaines, à l’instar de l’économie politique12. L’idée de progrès vient couronner tous ses traits dominants et les synthétiser dans les ouvrages de Nicolas de Condorcet - Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain - ou de Louis-Sébastien Mercier - L'An 2440, rêve s'il en fut jamais.